Verrerie d’Épinac

Histoire

Fondation et premières années (1755-1836).

Fondée en 1755 par le comte Gaspard de Clermont-Tonnerre, seigneur d’Épinac, la Verrerie d’Épinac (Épinac Tourisme) est la première verrerie à houille de Bourgogne, exploitant le charbon découvert vers 1735 à Résille. Située à Épinac (Saône-et-Loire), près des grands crus de la Côte de Beaune, elle produit des bouteilles de haute qualité pour les vins bourguignons, répondant à une demande croissante. En 1774, un rapport des États de Bourgogne loue la qualité de ses produits et leur importance économique (Épinac Patrimoine). En 1782, avec 80 souffleurs, elle atteint 15 000 bouteilles par jour, soit environ 5,5 millions par an, écoulées à Autun, Beaune et Dijon. Les fours à charbon, alimentés localement, permettent une fusion à 1 500 °C, utilisant des techniques artisanales de soufflage à la canne.

Développement industriel et restructurations (1836-1845)

En 1826, après l’émigration du comte pendant la Révolution, ses biens sont acquis par Samuel Blum, maître de forges dijonnais, qui modernise la verrerie et les mines (Houillères d’Épinac). La Société des Verreries d’Épinac, fondée le 15 décembre 1836 sous Aaron Blum, vise à produire 3 millions de bouteilles par an avec deux nouveaux fours (LeJSL 2019). Transformée en société par actions en 1839, elle nomme Claude Bournicat directeur-gérant. Des difficultés financières conduisent à la dissolution de la société Bournicat et Cie en 1840, suivie d’une faillite en 1841. Le tribunal d’Autun adjuge la verrerie à Balthazar Stéhélin, qui la revend en 1845 à la Société des Nouvelles Verreries d’Épinac, dirigée par Gustave Andelle, ingénieur civil (FranceArchives).

Conditions de travail

Les verriers, souvent issus de dynasties lorraines ou bohémiennes, forment une élite artisanale, payée à la pièce. Le travail, organisé en équipes (souffleur, gamin, maniqueux), est intense : chaleur des fours (1 300 °C), risques de brûlures, et horaires de 7-8 heures. Dès 1845, des enfants de 12 ans sont employés pour des tâches subalternes, pratique courante mais critiquée (Épinac Patrimoine). Une école ouvre en 1866, anticipant les lois Ferry. La cité ouvrière, rue Bouteille (aujourd’hui rue du 11 novembre), comprend six bâtiments géométriques, avec logements, école, et bains-douches, forgeant une communauté soudée. Les fêtes de la Saint-Nicolas renforcent l’identité des verriers.

Expansion et diversification (1845-1931)

Sous Gustave Andelle (1844-1858), la verrerie diversifie sa production (FranceArchives). La Société Dupuis introduit le verre blanc pour la gobeleterie, tandis que Jean-Marie Trunel, à la fin du XIXe siècle, porte la production à 4 millions de bouteilles par an, ajoutant bonbonnes et verres à lampe (Épinac Tourisme). Les fours à bassin continu (système Donzel), chauffés au gaz de houille, remplacent les fours à charbon, malgré un verre parfois verdâtre. Le chemin de fer d’Épinac, concédé en 1830, connecte la verrerie à Pont-d’Ouche via le canal de Bourgogne, facilitant l’exportation (Houillères d’Épinac). En 1902, un système de participation aux bénéfices est récompensé par l’Académie des sciences morales.

Crises et fermeture

Au XXe siècle, la verrerie subit la concurrence des verreries mécanisées (Givors, Saint-Gobain), utilisant des fours Siemens et le soufflage automatique. La crise économique des années 1920 et le déclin des houillères d’Épinac (fermées en 1934) aggravent la situation (Houillères d’Épinac). La verrerie ferme en 1931, sous la direction de René Trunel, bien que certaines sources mentionnent 1934 pour la cessation totale d’activité (FranceArchives). Les archives, conservées par la famille Trunel, sont données aux Archives départementales lors de la vente de la maison des directeurs, rue Jean Bouveri.

Impact économique et social

La verrerie, avec les houillères, fait d’Épinac un pôle industriel majeur (Fragilité urbaine). Employant 500 ouvriers, elle attire des artisans qualifiés, stimulant l’économie locale et le commerce viticole. La cité ouvrière, dont deux bâtiments subsistent, forge une identité communautaire, évoquée par Yves Sandre (né en 1913) dans ses récits romancés. Le chemin de fer, l’un des premiers en France, renforce la connectivité. Socialement, la verrerie incarne un paternalisme industriel, avec écoles et avantages, mais des conditions de travail rudes.

Héritage et mémoire

Les vestiges de la verrerie, notamment rue du 11 novembre, sont intégrés au patrimoine industriel d’Épinac (Épinac Patrimoine). Le Musée de la Mine, de la Verrerie et du Chemin de Fer, fermé en 2020, valorisait cet héritage. Le Circuit des Gueules Noires, un parcours balisé, explore les puits miniers et le contexte verrier. Les archives départementales conservent des plans (ex. entrepôt d’Alfortville, 1926) et des registres, offrant une étude fine de l’activité (FranceArchives). Des initiatives, comme un film soutenu par Enedis en 2024 (LeJSL 2024), perpétuent la mémoire de la verrerie.

Conclusion

La Verrerie d’Épinac, de 1755 à 1931, incarne l’essor industriel de la Bourgogne. De l’ambition de Clermont-Tonnerre à l’apogée sous Trunel, elle soutient l’industrie viticole et emploie des générations d’ouvriers. Malgré la concurrence et les crises, son héritage perdure dans les vestiges, les archives, et la mémoire collective d’Épinac, symbole du bassin minier autunois.

Personnalités Clés

Verriers Associés

Jean Claude Haour (1852 - 1892)

Ouvrier verrier à bouteillesenv. 1890 - 1892

Galerie d'Images

Épinac-les-Mines - Intérieur de la Verrerie - Un four

Épinac-les-Mines - Intérieur de la Verrerie - Un four

Épinac-les-Mines - La Verrerie (1904)

Épinac-les-Mines - La Verrerie (1904)

Épinac-les-Mines - Intérieur de la verrerie

Épinac-les-Mines - Intérieur de la verrerie

Épinac-les-Mines - Sortie de la verrerie

Épinac-les-Mines - Sortie de la verrerie

À Découvrir Aussi