Verrerie Duchet

Aussi connue sous : Verrerie Duchet, de la Tourfondue & Cie - S.A. des Verreries du Centre

Noms et raisons sociales au fil du temps

  • Verrerie Duchet, de la Tourfondue & CieRaison Sociale
    Période : 1905-1915

    Période après le décès du fondateur, durant laquelle le directeur est Henri de la Tour-Fondue, associé aux enfants de M. Duchet comme copropriétaires.

  • S.A. des Verreries du CentreRaison Sociale
    Période : 1915-1926

    L'établissement devient rapidement une société anonyme, sans doute pour élargir son capital.

Histoire

La Verrerie Duchet, fondée en 1842 par Jacques Alexandre Duchet à Montluçon (Allier), incarne l’essor industriel du XIXe siècle dans une ville transformée par l’ouverture du canal du Berry. Spécialisée dans la production de bouteilles et de flacons, elle a employé jusqu’à 500 ouvriers à son apogée et produit 12 millions de bouteilles par an en 1903. Renommée Verrerie Tour-Fondue et Cie après la mort de son fondateur, puis devenue la Société Anonyme des Verreries du Centre dans les années 1910, elle a cessé ses activités en 1926. Cet article retrace son histoire, de sa création à sa fermeture, explore la biographie de son fondateur, et examine les vestiges de son héritage, en s’appuyant sur des recherches approfondies et des sources locales.

Montluçon - Bâtiment communal et Quartier de la Verrerie

Fondation et premiers développements (1842–1860)

En 1842, Jacques Alexandre Duchet, alors âgé de 23 ans, fonde la Verrerie Duchet dans le quartier de la Ville-Gozet, sur la rive gauche du Cher, près du canal du Berry, inauguré en 1834. Ce canal, conçu pour acheminer le charbon de Commentry, positionne Montluçon comme un centre industriel, facilitant l’approvisionnement en matières premières (calcaire du Berry, sable d’Ainay-le-Vieil, soude, charbon) et l’exportation des produits finis. La verrerie, première usine établie le long du canal, se spécialise dans la production de bouteilles et de flacons, répondant à la demande des vignerons bourbonnais et des industries agroalimentaires.

Dès 1843, Duchet construit un four à chaux pour soutenir la production de verre, suivi de trois autres entre 1850 et 1853, destinés à l’agriculture et à la construction (Bulletin 2014). En 1855, il dépose un brevet innovant pour une amélioration des procédés de fabrication du verre, grâce à un nouveau système de chauffage des foyers industriels par le gaz provenant de la carbonisation de la houille (Gallica - Brevet 1855). En 1860, l’usine emploie 210 ouvriers et produit environ 3 millions de bouteilles par an, selon les archives des Amis de Montluçon. Les ouvriers, rémunérés à la pièce, utilisent des cannes de 1,8 à 2 mètres pour souffler le verre en fusion dans des creusets, une technique exigeante décrite comme une « alchimie moderne » en référence au terme « Athanor », utilisé pour les creusets (Bulletin 2014).

Apogée et modernisation (1860–1905)

Sous la direction de M. Duchet, la verrerie connaît une expansion significative. En 1875, la production atteint 6 millions de bouteilles, et en 1903, elle culmine à 12 millions, portée par l’essor du vignoble bourbonnais (La Montagne). L’emploi suit cette croissance, avec un pic de 500 ouvriers en 1883 (Bulletin 2014). En 1888, l’adoption des fours Siemens à gaz marque une révolution technologique, permettant une fusion continue et réduisant les coûts de 30 % (Bulletin 2014).

Cette période coïncide avec l’engagement politique de Duchet. Nommé maire de Montluçon par décret impérial le 14 juillet 1860, il entre en fonction le 12 août et reste en poste jusqu’en 1868. Son mandat est marqué par des projets d’infrastructure, comme l’avenue de la gare, nécessitant 50 000 m³ de remblais pour surmonter les terrains inondables (Vu du Bourbonnais). En 1864, il accueille Napoléon III, soulignant l’importance de la verrerie dans le paysage industriel de Montluçon. Duchet est également conseiller général du canton de Montluçon-Ouest de 1864 à 1871 et reçoit la Légion d’honneur en 1862 (Wikipédia - Jacques Alexandre Duchet). Étant né à Metz le 13 mars 1819, il est contraint de demander la nationalité française après la perte de la Lorraine suite à la guerre franco-prussienne, qu'il reçoit le 12 août 1872 (Geneanet - Naturalisation).

Les conditions de travail dans sa verrerie restent difficiles, comme en témoigne une étude de 1866-1870 sur la « syphilis des verriers », une maladie professionnelle liée aux vapeurs toxiques (Amis de Montluçon). En 1887, Jean Baptiste Haour, un verrier originaire de Givors et spécialisé dans le verre creux, est recensé à Montluçon, probablement employé à la verrerie, distincte de la Glacerie locale, rachetée par Saint-Gobain en 1868 et fermée en 1870 (Bulletin 2014).

Biographie de Jacques Alexandre Duchet

Jacques Alexandre Duchet (1819-1905) est né le 13 mars 1819 à Metz, dans une famille bourgeoise de Saint-Amand-Montrond et Montluçon. Son grand-père, Pierre Duchet, était procureur du roi à Montluçon ; son père, Alexandre Duchet (1785-1821), était polytechnicien et officier dans l’armée impériale, ayant servi sous Napoléon (Geneanet - Alexandre Duchet). Sa mère, Joséphine du Peyroux, était la fille de Louis Gilbert du Peyroux, comte et capitaine d’infanterie. Après la perte de la Lorraine en 1871, Duchet obtient la nationalité française le 12 août 1872 (Geneanet - Naturalisation).

En 1842, Duchet épouse Annette Favier et fonde la Verrerie Duchet, qu’il dirige pendant plus de six décennies. Le couple a quatre enfants : Lucien (1843-1902), officier puis avocat à Paris ; Henriette (1845-1910), mariée à Ferdinand Cousin de La Tour-Fondue (décédé en 1900) ; Fernand (1847, décédé jeune) ; et Léonie (1849-1931), peintre miniaturiste et vice-présidente des Amis de Montluçon (Wikipédia - Château Jaune). En 1864, Duchet construit le Château de Bellevue à Meaulne pour des réceptions et des chasses (Wikipédia - Jacques Alexandre Duchet). Il décède le 23 mars 1905 à Montluçon, à 86 ans, laissant un legs industriel et politique durable.

Succession et transition vers Verreries du Centre (1905–1916)

Après la mort de Duchet en 1905, aucun de ses enfants ne reprend directement la verrerie. La gestion passe à son petit-fils, Henri Cousin de La Tour-Fondue (1884-1939), fils d’Henriette (Wikipédia - Château Jaune) et de Ferdinand Cousin de La Tour-Fondue, décédé en 1900. Léonie Duchet, qui possédait des parts dans l’entreprise, n’a probablement pas joué de rôle direct dans la gestion, mais son implication dans les Amis de Montluçon suggère un intérêt pour le patrimoine local. Henri, décrit comme un dirigeant autoritaire (il refuse toute négociation durant un grève en 1908) et gestionnaire faible, ne peut empêcher le déclin de l’entreprise (Gallica - Le Figaro du 16 avril 1908).

En 1912, un procès intenté par une maison de Cognac pour des défauts de fabrication précipite des difficultés financières, entraînant la cessation de la production de bouteilles (Bulletin 2014). Vers 1916, la verrerie, alors appelée Verrerie Duchet, de la Tour-Fondue et Cie, devient la Société Anonyme des Verreries du Centre.

Déclin et fermeture (1916–1926)

Sous la Société Anonyme des Verreries du Centre, l’usine continue de fonctionner, mais elle peine à s’adapter aux nouvelles techniques et à la concurrence internationale, notamment des verreries belges et britanniques. La Première Guerre mondiale (1914-1918) perturbe les approvisionnements, et le canal du Berry, devenu obsolète face au chemin de fer, limite la compétitivité (La Montagne). La verrerie ferme ses portes en 1926, marquant la fin d’une ère industrielle à Montluçon (Amis de Montluçon).

Vestiges et héritage

Aucun vestige architectural de la verrerie ne subsiste, les bâtiments ayant été démolis ou reconvertis. Cependant, ce quartier de la Ville-Gozet, surnommé « Verrerie », la place de la Verrerie, et la rue Jacques Alexandre Duchet, située au nord de la ville le long du canal du Berry, perpétuent son héritage (Google Maps - Place de la Verrerie, Google Maps - Rue Jacques Alex Duchet). Le réaménagement récent du quartier Verrerie (2023-2024) avec des espaces verts et des logements sociaux renforce son identité populaire (Réinventons nos quartiers). Des artefacts, comme des bouteilles estampillées, pourraient exister dans des collections privées ou au musée de Montluçon. Le Château Jaune, acheté par Léonie Duchet en 1927 pour les Amis de Montluçon, et transmis à son neveu et fils adoptif (elle n'a jamais eu d'enfant) Henri Cousin de La Tour-Fondue en 1931, illustre l’engagement familial dans le patrimoine local (Wikipédia - Château Jaune).

Conclusion

La Verrerie Duchet, fondée en 1842 par Jacques Alexandre Duchet, a été un moteur de l’industrialisation de Montluçon, produisant des millions de bouteilles et employant des centaines d’ouvriers. Sous la direction de Duchet, maire et bonapartiste, elle a prospéré jusqu’à son apogée dans les années 1880, marquée par des innovations comme les fours Siemens. Après sa mort en 1905, la gestion par Ferdinand et Henri Cousin de La Tour-Fondue, notamment le manque d’efficacité d’Henri, a précipité le déclin, aggravé par un procès en 1912 et la concurrence internationale. Devenue en 1916 la Société Anonyme des Verreries du Centre, l’usine a fermé en 1926. Son héritage perdure à travers le quartier Verrerie, la rue Jacques Alexandre Duchet, et le Château Jaune, témoignant de son rôle dans l’histoire industrielle de Montluçon. Pour approfondir, une consultation des archives départementales de l’Allier pourrait clarifier le rôle exact de Léonie Duchet et la transition vers les Verreries du Centre.

Key Citations

Personnalités Clés

Jacques Alexandre Duchet (1819 - 1905)

Maître de verrerie1842 - 1905

Henri de la Tour-Fondue (1884 - 1939)

Maître de verrerie1905 - 1926

Verriers Associés

Jean Baptiste Haour (1855 - 1939)

Ouvrier verrier à bouteilles1897 - 1904

Galerie d'Images

Montluçon - Bâtiment communal et Quartier de la Verrerie

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Montluçon - Canal du Berry

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Montluçon - Sortie des ouvriers de Saint-Jacques (1909)

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Montluçon - La manifestation du 1er mai 1906 - La dislocation vers la Maison communale

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